L'universalité de la psychanalyse

La psychanalyse ne serait pas née si La science n'avait isolé la conception du sujet sur lequel elle opère et sans les sociétés qui ont favorisé l'épanouissement de ce sujet. En effet, cet épanouissement est lié au fait que la science a, dans un premier temps, disqualifié la prétention des mythes et des religions à dicter au sujet sa conduite, sans remettre en cause le principe d'une autorité susceptible de régler le rapport du sujet au monde. C'est cette autorité que le sujet névrosé résume dans La fonction paternelle, lors du complexe d'Œdipe, et qui lui confère son assise dans le lien social.

La psychanalyse fournit une théorie explicative du sujet. Mais, pour que le sujet effectue une psychanalyse, encore convient-il qu'il puisse échapper à son tour à l'Autre* avec lequel il s'est fabriqué. Ainsi Lacan avance-t-il que tout adepte d'une religion, d'une secte, d'un mythe, d'une représentation du monde est sans doute inanalysable dès lors qu'il en attend la réponse (divine) à ce qu'il est, qu'il en espère un sens (également divin ) aux énigmes qu'il rencontre dans sa vie et qu'il lui remet son existence (toujours entre ses mains divines). Lacan a également avancé que les Japonais étaient Inanalysable. En effet, leur langue est ainsi constituée que les caractères chinois continuent à y véhiculer un autre sens. De sorte qu'ils disposeraient d'une langue pour la communication et d'une autre pour l'inconscient, jamais interrogeables - pour qui ne le veut pas - l'une par l'autre .

Le sujet qui prend à sa charge son rapport au monde le fait de façon oedipienne, et cela, bien sûr, en fonction des expériences et traditions qui sont les siennes : l'analysant résume dans la fonction paternelle l'autorité de l'Autre. Pour se réaliser, il intègre la fonction d'autorité et s'en sert pour récuser tout Autre qui prétendrait être cette autorité. La fonction d'autorité est donc supportée par la mère, le père ou quelqu'un d'autre : telle est la fonction paternelle - de structure universelle et de forme contingente.

L'analyse suppose donc que le mythe, le discours religieux puissent être mis en question et la croyance abandonnée au profit du fantasme et du symptôme. C'est pourquoi Freud contredit par avance Françoise Dolto en considérant que la névrose individuelle est un progrès sur la religion, considérée comme névrose collective. En effet, dans le cas de la névrose individuelle, la solution du fantasme et du symptôme est une création du sujet, tandis que la croyance religieuse est une solution empruntée à l'Autre.

La psychanalyse suppose autre chose que le simple constat de voir, au fur et à mesure qu'elle se constitue, sa théorie tendre à devenir un nouvel Autre. D'un côté, ses développements théoriques modifient sa pratique : ainsi, par exemple, le dispositif de la passe, impensable avant que Lacan ne le théorise. D'un autre côté, il importe que soit préservée en son cœur la possibilité de s'émanciper de l'Autre - y compris psychanalytique !

L'analyse n'est possible que là où le sujet a au moins l'idée qu'il n'est réductible à aucun savoir , et qu'il n'est condamné à être le " petit soldat " d'aucun Autre , fut-il psychanalytique, qui lui dicterait sa conduite.

Père symbolique Bronislaw :

Malinowski (1884-1942) a cru récuser Le complexe d'Œdipe en montrant que chez les Trobriandais (en Mélanésie) Les enfants étaient élevés par leur mère et le frère de celle-ci : l'oncle y occupe en fait la place (symbolique donc) dévolue ailleurs .